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Texte de Judith Prigent

Il y a quelques jours, je revoyais La Mort aux trousses. J’ai été particulièrement frappée par les toutes dernières minutes du film. On y voit Roger Thornhill tirant vers lui Eve Kendall, la sauvant par ce geste d’une chute fatale du haut du mont Rushmore. Dans le même mouvement, le décor extérieur change pour celui de l’intérieur d’un wagon de train de nuit sur la couchette duquel le couple s’enlace, juste avant l’apparition des mots « THE END » sur l’image. L’ellipse est abrupte mais le spectateur comprend ce qui n’est pas montré et complète mentalement la scène (elle est sauvée, ils sont heureux). Alfred Hitchcock ne l’embarrasse pas de descriptions inutiles...

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Les vues d'Arthur Aillaud, texte de Barbara Satre

Si les paysages d’Arthur Aillaud dialoguent volontiers avec les lois du genre, à commencer par l’interrogation albertienne du tableau comme fenêtre ouverte sur le monde, des zones d’obstructions surgissent cependant dans l’image, et contredisent cette lecture arcadienne de la peinture. Le tableau n’est pas à proprement parler une fenêtre mais une lucarne à travers laquelle notre regard partiel vise, parfois péniblement, à percer quelque chose du réel...

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Chemins de traverses, entretien avec Alain Berland

Tu composes, en peinture, depuis de nombreuses années des paysages dans tous les formats. Ils ont longtemps contenus des fragments d’architectures brutalistes mais désormais ils semblent laisser la place à des paysages diurnes et nocturnes, ruraux ou urbains, vus de très loin. Ils composent une sorte de décor de théâtre où tout serait possible mais où aussi et, paradoxalement, l’homme aurait peu de place. Ces peintures se situent ainsi entre deux pôles, celui de la peinture figurative qui fait apparaître le récit et la narration mais aussi celui de l’exercice formaliste abstrait qui cherche les possibles du médium peinture. Peux-tu nous aider à situer ton travail ?...

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La nature du lieu, texte de Sally Bonn

Il y a une sorte de narration qui se construit à regarder les tableaux d’Arthur Aillaud se succéder dans l’espace, un univers se décline selon un cheminement, un parcours, une promenade auxquels les tableaux empruntent leur vocabulaire plastique. Sous-bois et forêts, chemins et plaines, cabanes, bâtiments couverts de végétation luxuriante, maisons en chantiers, vestiges ou fondations d’une maison dans la verdure. Nous sommes dehors, en prise avec une nature, la végétation et ce qui l’occupe ; pris dans l’entrelacs du monde, dans l’écheveau du réel, dans ces Holzwege, ces «chemins qui ne mènent nulle part» dont parle Heidegger dans l’ouverture du livre éponyme et qui pourtant sont là, visibles et parcourables, invités à déambuler à travers une nature généreuse devant ces tableaux qui apparaissent comme des séquences, au sens cinématographique, d’une histoire dont nous ne voyons que des fragments et qui se joue autant devant nous que sans nous, selon, d’ailleurs, qu’y soient visibles des figures, silhouettes dégoulinantes marchant sous la pluie, se frayant un chemin au cœur de la forêt ou descendant dans une vallée...

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Texte de Élodie Issartel

Les paysages dans les tableaux d'Arthur Aillaud se trouvent à la lisière et montrent l'endroit flou de la contiguïté. Qu'il s'agisse d'une parcelle plantée d'arbres ou d'une forêt, toujours quelque chose est là, plus ou moins caché, pour signaler que ce territoire est un intervalle hanté par la proximité...

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